mardi 24 juin 2008

Aimez les plus que vous même...

Phil, 15 ans, est un adolescent allumé et motivé. Il est sûr de lui, fonceur et pas peureux pour deux sous. Lorsqu'il a une idée dans la tête, il est difficile de le faire changer d'avis, à moins que nos arguments soient solides et sérieux. C'est un aspirant comptable, qui veut rouler à bord d'une corvette décapotable et avoir sa première bâtisse à revenus avant l'âge de 25 ans.

Hier matin, il me demanda:

- M'man, j'étais vraiment insécure* quand j'étais p'tit hein?

- Ho oui...

- Tu te rappelles, tu m'attendais à la sortie de la chambre des joueurs, au début, quand je jouais au hockey car j'avais peur de me perdre?

- OUi.. et j'allais te chercher chez tes grands-parents quand tu voulais revenir à la maison même s'il était minuit... Et tu sais quoi? Je t'ai allaité au deux heures pendant des mois car tu avais besoin de sécurité. Je te trainais avec moi partout car tu ne supportais pas d'être loin de moi.
C'est pour ça que tu as confiance en toi aujourd'hui... Tu as eu tout ce dont tu avais besoin..

- Je suis chanceux me dit-il en me serrant dans ses bras...

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J'ai toujours nager à contre courant dans ma façon de materner mes enfants. Je les ai allaité longtemps. Je ne les ai pas laissé pleurer. Je les prenais souvent. Je dormais avec eux. Je les câlinais, les aimais, les berçais, étais sensible à leurs besoins intérieurs. Pat en riant, disait que j'avais un nouveau membre à mon corps, tellement le bébé semblait faire partie de moi-même.

J'ai toujours cru que le plus important à donner aux enfants, c'est l'amour et la sécurité. Que si leurs besoins sont comblés, ils finiront par développer leurs indépendances et s'éloigneront tranquillement, à leurs rythmes, du giron maternel. Je ne crois pas au domptage des enfants: laisser pleurer, ne pas donner trop de si ou de ça, pas trop dans les bras etc....

Je pense que j'ai raison. Les liens affectifs m'unissant à mes enfants sont forts, solides. Ils ont confiance en eux et possèdent une bonne estime de soi. Je les regarde grandir et j'adore ce qu'ils deviennent. Sara a encore intensément besoin de moi par moment. Lorsqu'elle est fatiguée ou qu'elle vit des émotions, elle se colle et vient nous rejoindre la nuit pour ensuite, pleine d'amour, foncer tête baissée dans la vraie vie...

Et c'est ça que je retiens le plus. Plus on les aime et les sécurise, tout en les laissant expérimenter la vie et en leur faisant confiance, et plus ils sont solides et sûrs d'eux. Les miens n'ont jamais eu peur de rien. Ils ont pédalé à deux roues vers 3-4 ans, ont nagé seuls vers 3 ans, sont rentrés à l'école sans regarder en arrière et verser une seule larme, mes gars ont fait le passage au secondaire sans aucune crainte, SAra a déjà changé d'école pour vivre l'aventure de la musique.... Et tellement plus encore...

Alex, mon fils de 20 ans, a vécu un moment difficile à l'adolescence. Nous l'avions toujours aimé, entouré, mais à ce moment là, nous avons tout fait pour garder le lien affectif avec lui. Il a par la suite revu son vrai père, remis les morceaux du casse-tête à la bonne place et est devenu un jeune homme charmant et bourré de talents qui fait de gros câlins à sa mère aussitôt qu'il en a l'occasion!

Un conseil: Investissez-vous, Aimez les plus que vous même...

5 commentaires:

Encre a dit…

Un bien beau billet! Quel instrument ta fille joue-t-elle?

Une femme libre a dit…

En effet! Et quand ces bases solides ont manqué, on a beau faire la meilleure job de patchage possible, la vie demeure plus difficile pour les personnes qui ont souffert d'instabilité dans leur petite enfance. C'est comme une blessure qu'ils traînent partout et qui ressurgit aux moments les plus sensibles de leur vie. Le plus beau cadeau à faire à des enfants, ce sont des premières années empreintes d'amour et de stabilité, il est bon qu'ils soient gavés d'amour, que ça déborde, ces provisions et cette abondance leur serviront pour tout le reste de leur vie.

Ceci dit, il est possible malheureusement qu'un enfant ayant connu plein d'amour parental ait des problèmes pendant l'enfance, l'adolescence ou la vie adulte. L'amour ne peut pas tout tout le temps pour tout le monde. De très bons parents ont des enfants qui ont des problèmes. Il n'y a pas de garantie quand on a des enfants.

Il arrive aussi des miracles dans l'autre sens. J'ai revu dernièrement un des enfants que j'avais eu en famille d'accueil. Un gros cas social dont j'étais la onzième famille et il avait huit ans! Il est venu sonner à la porte de chez moi avec son père. Celui-ci se rappelait fort bien de l'adresse car il venait visiter le fiston chez moi. Un alcoolique qui avait maintes fois violenté le garçon. Ils vivent ensemble aujourd'hui et ils ont une business de construction ensemble. Ils m'ont laissé leur carte, Construction et Fils. Le jeune est devenu un très bel adulte au début de la vingtaine.

Caro et cie a dit…

Encre... Sara a joué du violon pendant plusieurs années.. Elle a quitté l'école musicale en début d'année... Elle en a fait une overdose..

Une femme libre... C'est bien vrai ce que tu dis.. Il y a des exceptions.. Elle est magnifique cette histoire que tu nous a raconté, elle finit si bien! Merci

Anonyme a dit…

Un beau billet. Encore un. Tu sais très bien écrire l'amour que tu portes à tes enfants.

Oh que je les aime les miens et j'aime quand l'un d'eux passe à côté de moi et sans aucune raison me serre fort en chuchotant "maman" et repart (gonflé à bloc - c'est ce que j'aime croire et j'ai l'impression que c'est vrai). ça me surprend et m'émeut à chaque fois.

Caro et cie a dit…

Merci Mijo..;-)

C'est vrai que ça les gonfle à bloc mais tu sais quoi? Je pense que ça nous gonfle encore plus....